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Déclaration du Ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants à l'Assemblée Nationale

Ouagadougou, le 26 novembre 2021

Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale
Honorables Députés
Je voudrais tout d’abord, au nom du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, vous remercier pour l’occasion que vous nous offrez de nous entretenir avec votre auguste Assemblée sur la situation sécuritaire de notre pays. Je remercie en particulier les Députés auteurs des questions orales, objets de la présente séance. 

Cet exercice intervient à un moment où notre Peuple est profondément affligé par la récurrence des attaques terroristes. Les dernières en date, celles de Di dans le Sourou, de Inata dans la province du Soum, de Foubé dans le Sanmatenga, et de Thiou dans le Yatenga, ont malheureusement coûté la vie à nos braves Forces de Défense et de Sécurité.
Le mardi matin, j’étais à l’hommage rendu à nos vaillants combattants qui ont consenti le sacrifice suprême pour la défense de la patrie. Je les ai accompagnés au cimetière, à leur dernière demeure. J’ai entendu la colère de leurs familles et des proches. Cette colère est exactement celle de la population qui, acculée par les ennemis de notre peuple, espère du Gouvernement, une réaction à la hauteur de leur forfaiture.

J’ai une pensée très profonde pour les familles de ces victimes et de leurs frères d’armes qui traversent actuellement des moments difficiles du fait de la disparition tragique de leurs proches.
A la mémoire de tous nos combattants tombés pour la défense de la patrie, des victimes civils arrachées brutalement à notre affection, je demande, qu’il plaise à votre auguste Assemblée, que nous ayons un moment de recueillement afin de les porter dans nos prières.
 
Monsieur le Président,
Honorables Députés

Avant de me lancer dans la réponse à vos différentes questions que j’ai écoutées avec grand intérêt, je tiens à vous dire, qu’en votre qualité de représentants de la nation toute entière, je vous dois toute la vérité. J’ai une totale confiance en vous et j’apprécie fortement votre mission de contrôle de l’action gouvernementale qui justifie l’exercice de ce jour. La responsabilité m’incombe aussi de vous dire, en toute sincérité, que mes réponses ne combleront peut-être pas toutes vos attentes, Toutefois, c’est avec un sentiment du devoir que je me prête à cet exercice de redevabilité. A entendre l’ensemble des questions qui ont été posées, j’ai jugé utile, pour plus de cohérence dans mes réponses, de les organiser en trois groupes : 
-       premièrement, les préoccupations liées à la sécurité intérieure ;
-       deuxièmement, celles touchant à la défense nationale ;
-       et enfin les questions d’ordre budgétaire ou de prise en charge financière.
 
1.  Questions liées à la sécurité intérieure
 
Monsieur le Président, 
Honorables Députés,

Je voudrais tout d’abord vous faire un état des lieux de la situation sécuritaire actuelle de notre pays. A ce propos, je reconnais avec vous que le Burkina Faso traverse les moments les plus difficiles de son histoire. 
Jamais notre peuple n’a été auparavant aussi éprouvé ! La situation actuelle se caractérise par un regain d’intensité des attaques terroristes dans les régions à hauts défis sécuritaires et qui touchent de plus en plus des régions qui étaient considérées comme un havre de paix. Cette situation désastreuse entraine un déplacement massif des populations, créant une crise humanitaire sans précédent. L’une des conséquences immédiates est l’absence des services publics dans ces localités et la baisse de la production agricole dans un environnement où les conditions climatiques pour la production sont connues hostiles. Cependant, je reste convaincu que ces moments difficiles que nous traversons ne doivent pas nous faire désespérer, car notre peuple a toujours su surmonter les pires épreuves de sa vie par son courage et son refus de la résignation.
 
 
Honorables Députés,

En ce qui concerne les mesures prises et envisagées pour rassurer la population sur les capacités de nos FDS et des VDP à restaurer l’intégrité du territoire et à assurer la sécurité des personnes et des biens, le gouvernement a adopté en Conseil des Ministres, en sa séance du 06 octobre 2021, une Politique de Sécurité Nationale qui, sur la base d’une analyse objective et actualisée du contexte national de la sécurité, propose les leviers à actionner pour « faire du Burkina Faso à l’horizon 2050, une nation paisible, stable, unie et prospère, qui garantit une protection optimale de ses intérêts fondamentaux, assure la sécurité de ses institutions et promeut la sécurité humaine de ses citoyens ». 
Aussi, une stratégie spécifique de lutte contre le terrorisme a été élaborée. Elle précise :
-     le rôle de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le terrorisme ;
-     les stratégies opérationnelles à déployer ; 
-     les ressources humaines, matérielles et financières à mobiliser ;
-     les mécanismes de contribution de la population.
Des actions sont engagées dans le cadre du renforcement de la résilience des populations à travers notamment :
-     l’augmentation des ressources humaines ;
-     le déploiement d’unités dans les zones sous menaces terroristes ;
-     le renforcement de la surveillance et du contrôle du territoire;
-     l’organisation d’opérations conjointes dans le cadre de la coopération internationale;
-     le renforcement des investigations antiterroristes ;  
-     le renforcement des mécanismes de collaboration entre les populations et les Forces de Défense et de Sécurité (FDS). 
 
 
S’agissant de la stratégie pour prévenir les attaques, les actions se fondent, de façon générale, sur trois principales modalités que sont le renseignement, la forte réactivité des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), la prévention de l’extrémisme violent et la déradicalisation.
Dans ce sens, le gouvernement entend :
a)  En matière de renseignement :
-     améliorer le renseignement à travers le renforcement des capacités des structures de renseignement et une meilleure exploitation des données de renseignement ;
-     renforcer les capacités opérationnelles des structures d’investigations ;
b) En matière de maillage du territoire : 
-     améliorer le maillage sécuritaire à travers l’adoption et la mise en œuvre d’une stratégie nationale devant permettre à chaque commune de disposer à terme d’au moins un service de sécurité ;
-     améliorer la collaboration entre les populations et les FDS.
c)  En matière de déradicalisation  
-     Organiser des campagnes de sensibilisation pour la démobilisation des groupes terroristes ;
-     Mettre en place un mécanisme de déradicalisation.
De 2017 à 2020, ce sont 27 Commissariats de Police Départementale qui sont construits, 09 brigades territoriales et 13 autres infrastructures destinées à des unités diverses. Les moyens roulants et du matériel spécifique constitué d’armement, de matériel de protection et de matériel de maintien de l’ordre, acquis au profit de la Police nationale et de la Gendarmerie nationale ont connu également une hausse durant la même période.
Plusieurs projets sont en cours de réalisation et vont contribuer à juguler le phénomène du terrorisme et de la criminalité transfrontalière et celle rampante dans notre pays. Je veux citer :
-     le Projet de sécurisation des visas (PSV-BF) dont l’objectif est de contribuer au renforcement de la sécurité intérieure du Burkina Faso par la maîtrise des flux migratoires ;
-     le projet Identification rapprochement analyse de police (IRAPOL) dont l’objectif est de mettre en place un système d’informations mutualisé au profit de tous les acteurs de la sécurité nationale sans exclusive ;
-     le projet SMART Burkina dont l’objectif est de renforcer les communications mobiles larges bandes des services de sécurité et la vidéo protection dans les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso ;
-     le projet d’« Amélioration de la confiance entre Populations et Forces de Sécurité Intérieure 2021-2025 » dont l’objectif est de permettre aux Forces de Sécurité Intérieure d’agir et d’intervenir de manière plus efficace pour assurer la protection des populations et de leurs biens et d’améliorer la sécurité à court, moyen et long terme en étroite collaboration avec les « OSC » dans le respect des Droits Humains et de l’Etat de droit ;
-     le projet Groupes d’Action Rapide, Surveillance et d’Intervention (GARSI) dont l’objectif est de contribuer à la sécurité des populations et à la stabilisation du Burkina Faso, y compris dans les zones isolées/reculées et transfrontalières, comme condition préalable pour son développement socio-économique durable (deux unités sont déjà opérationnelles et deux sont en cours d’opérationnalisation) ;
-     le projet d’appui à la stabilisation de l’Est du Burkina Faso phase 2 (STABEST +) dont l’objectif est de contribuer au processus de stabilisation du pays, notamment dans les régions de l’Est et du Centre-Est, à travers le renforcement des capacités professionnelles et en équipements ;
-     le projet Composante Police G5 SAHEL (COPOL-G5-BF) dont l’objectif est de contribuer à la stabilisation de la région et à la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée dans la zone d’action de la Force conjointe du G5 Sahel ;
-     le projet de surveillance pluridimensionnelle dont l’objectif est d’améliorer la surveillance du territoire national à travers les moyens électroniques performants de suivi et d’observation des cibles.
 
Des investissements importants ont été engagés en 2020 et devront être achevés cette année 2021. De même, un vaste programme de construction d’infrastructures et d’équipements est prévu pour 2021-2022 avec le soutien de nos partenaires techniques et financiers.
C’est vous dire que le Gouvernement met un point d’honneur à améliorer le maillage effectif du territoire. 

Honorables Députés,

Les sentinelles sont un classique du renseignement. Chaque citoyenne et chaque citoyen doit se considérer comme une sentinelle et sonner l’alerte dès qu’il existe une situation qui sort de l’ordinaire dans son environnement. 
De tout temps, et particulièrement par les temps qui courent, lorsque les services habilités sont alertés, ils procèdent à la vérification des moindres informations reçues. 
Il n’est cependant pas dans les méthodes de travail des services de renseignement de revenir vers la personne qui a porté l’information pour rendre compte du cas, donnant peut-être l’impression d’une inaction.  Je rappelle que la plupart des alertes sont anonymes et que le gouvernement ne peut pas organiser des campagnes de redevabilité sur ces sujets. Il n’est même pas dans l’éthique des structures de renseignement, tout comme de l’armée, de communiquer sur leurs actions en cours, au risque de devenir inopérante. Par contre, les FDS renforceront la communication sur les résultats de leurs opérations. Je reconnais que de nos jours, les sentinelles ne sont pas à elles seules suffisantes. Je suis conscient des insuffisances et j’ai inscrit la question du renforcement de la capacité de réaction rapide suite aux alertes comme une priorité absolue de la stratégie révisée.
Nous avons fait l’option d’associer les sentinelles à des moyens de surveillance sophistiqués et d’alerte de grande portée. Le gouvernement a initié et va multiplier les approches dans ce sens.
La collaboration des populations est une donnée essentielle de la lutte sans laquelle il n’y a pas de victoire possible. 
Par conséquent, les difficultés constatées ne doivent absolument pas nous désarmer et remettre en cause cette exigence fondamentale de la lutte. Il nous faut poursuivre la lutte, main dans la main et avec une farouche détermination patriotique pour une résistance commune efficace. 
C’est pour cela que je réitère mon appel à un sursaut national, à l’union sacrée et à la cohésion de l’ensemble des forces vives de notre pays. 
Concernant les réseaux sociaux, l’avènement des technologies de l’information et de la communication participe grandement à impulser une nouvelle dynamique de développement au Burkina Faso. Dans le monde des affaires et du télétravail, elles ont une influence positive qui contribue à l’épanouissement et au bien-être de nombreuses familles. 
C’est conscient de cela que S.E.M. Roch Marc Christian KABORE, lors de son accession à la magistrature suprême, s’est engagé à renforcer les infrastructures dans le secteur du numérique, afin d’impulser une croissance durable à notre économie. 
Les réseaux sociaux ont contribué à changer qualitativement la vie d’un grand nombre de Burkinabè en devenant un outil de travail. Toutefois, je dois regretter qu’une certaine utilisation des réseaux sociaux compromet la sécurité nationale et contribue à fragiliser notre pays, au point de le rendre vulnérable. 
Dans ce contexte, sans nier les droits et libertés des citoyennes et citoyens durement éprouvés par la suspension de la connexion aux réseaux d’internet mobile ces derniers jours, il est de la responsabilité du gouvernement de prendre certaines décisions, dictées par le devoir et par les impératifs de sécurité nationale. 
Au moment où cette décision pénible de suspendre la connexion d’internet mobile a été reconduite pour 96 heures, je tiens, en toute humilité, au nom du gouvernement, à exprimer mes regrets à l’ensemble des citoyens. 
Si je comprends leur colère, je les invite à la retenue dans cette période critique que nous vivons actuellement. Nous devons avoir un comportement en temps de paix, mais aussi savoir l’adapter en temps de guerre. 

2.  Questions liées à la défense du territoire

Monsieur le Président,
Honorables Députés,

Les préoccupations soulevées sont relatives aux failles mises à nu par le drame d’Inata. En effet, le dimanche 14 novembre 2021, aux environs de 05h30, le détachement de Gendarmerie d’Inata a été la cible d’une violente attaque qui a occasionné une importante perte en vies humaines. 
Cette attaque a eu lieu à un moment où le détachement s’apprêtait à être relevé par une autre unité. De toute évidence, le retard accusé dans l’organisation de cette relève a engendré les conséquences catastrophiques qui sont survenues. Au regard des graves dysfonctionnements révélés, une enquête administrative a été diligentée, sur instructions du Président du Faso, afin de faire la lumière sur les circonstances qui ont conduit à ce drame et les conclusions permettront de situer toutes les responsabilités et de prononcer les sanctions conséquentes. En attendant que le rapport soit disponible, les premières sanctions ont été prononcées à titre de mesure conservatoire.  
Sur le théâtre des opérations, nos unités combattantes font face à des Engins Explosifs Improvisés (EEI). Les Forces Armées Nationales disposent de certains types d’équipements de détection et de neutralisation de mines, utilisés par les unités du Génie Militaire dans le cadre des opérations. Toutefois, les capacités anti-IED méritent d’être renforcées pour faciliter la mobilité des troupes en assurant une meilleure protection des hommes. 
Permettez-moi de rappeler que notre armée nationale fait face aujourd’hui, à une forme d’agression qui nécessite une adaptation à cette nouvelle forme de menace comportant l’utilisation de mine et d’EEI. C’est pourquoi, une procédure est en cours afin d’acquérir des engins de détection et de déminage, plus perfectionnés et en nombre suffisant.
Une autre préoccupation de votre auguste Assemblée est relative à l’identité de nos agresseurs. Compte tenu de la proximité du site d’Inata avec la frontière malienne et du moment de l’attaque, il est difficile, à l’heure actuelle, d’apprécier avec certitude l’origine des assaillants. Il faut noter que cette partie du pays est sous la menace permanente de groupes terroristes qui rivalisent sur cet espace. 
Du fait de leur nature transnationale, leurs combattants sont d’origines diverses. Toutefois, selon les statistiques des études sur les groupes armés terroristes, nous notons que ceux qui attaquent sur le territoire national sont en majorité des Burkinabè qui se sont enrôlés dans les groupes terroristes les plus connus dans la zone Sahélo-saharienne.
Dans la lutte que nous menons, les services de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) fournissent régulièrement des données sur les mouvements des groupes armés terroristes. Dans la zone d’Inata, des mouvements de GAT sont fréquemment signalés. 
Pour ce qui est des primes, elles sont de deux natures et sont servies aux militaires en opérations. 
Il s’agit de la prime d’alimentation et l’indemnité spéciale d’opérations intérieures (IS-OPINT) appelée couramment prime d’opérations. 
·      De 2014 à 2017, au temps où existait le Groupement des Forces Anti-terroristes (GFAT), la prime d’alimentation était de 1500j/jour/homme, à laquelle s’ajoutait une prime cigarette de 1000f/jour/homme. 
A partir d’août 2020, la prime d’alimentation est passée à 2 000 F par jour et par homme. Cette prime sert à la préparation des repas pour tous les hommes déployés.
 
·      En janvier 2018, la décision a été prise d’instaurer une indemnité spéciale d’opérations intérieures (IS-OPINT) en remplacement de la prime cigarette, et ce, afin de motiver davantage les hommes. Les taux de cette prime étaient, à partir de janvier 2018, de 3000f/j/homme pour le militaire du rang, 4000f/j/homme pour le sous-officier et 5000f/j/homme pour l’officier. 
 
·      A partir de septembre 2021, dans le cadre des mesures spéciales du Président du Faso, les taux ont été augmentées de 1 000 F soit respectivement 4000f/j/homme, 5000f/j /homme et 6000f/j/homme. En outre, l’assiette des bénéficiaires a été élargie pour prendre en compte certaines unités de Gendarmerie situées dans les zones d’opérations. Ce qui correspond à 120 000F/mois, à 150 000F/mois et 180 000F/mois par catégories de personnel en plus du salaire mensuel payé.
 
 ·      Concernant la périodicité, il est prévu que les primes d’opérations soient payées aux hommes en numéraires, sur le terrain, à la fin de chaque mois. Les allocations financières sont mises à la disposition des commandants des groupements de forces pour trois (03) mois à charge pour eux d’assurer les paiements aux hommes sur le terrain tous les mois.
Les bénéficiaires de la prime d’opération sont de deux catégories :
-        les hommes qui sont hors emprise, c’est-à-dire qui sont déployés sur le terrain dans les détachements avancés, perçoivent 100% de la prime ;
-        les hommes qui sont en emprise, c’est-à-dire dans les camps militaires situés en arrière des zones d’opérations et qui soutiennent les opérations perçoivent 50% de la prime d’opérations.
Pour ce qui concerne les VDP, il faut noter leur immense contribution à la lutte grâce à leur courage et leur engagement patriotique que nous saluons. 
 
Conformément au décret, la prise en charge se fait par le versement d’une somme de 200 000F/mois par groupe de 10 VDP pour son fonctionnement. Une réflexion est en cours pour réorganiser leur cadre d’emploi et de soutien logistique afin de renforcer l’efficacité de leurs contributions.
En ce qui concerne la cohésion interne des FAN, il faut noter qu’en dépit des efforts faits par le commandement militaire pour la renforcer, celle-ci a bien souvent été malmenée par les contingences de la vie politique nationale et la vie interne des armées. A l’heure actuelle, la cohésion interne des armées nécessite un renforcement continuel. Nous travaillons à développer une nouvelle dynamique à travers le renouvellement de la chaine de commandement et la mise en place d’un plan de communication.   
Quant à la cohésion inter-FDS, il faut noter une nette amélioration depuis quelques temps, notamment à travers l’exemple donné par les deux ministres MDNAC et MSECU et surtout grâce au cadre de coordination stratégique mis en place. Un processus de renforcement des cadres de coordination opérationnelle est en cours de construction pour renforcer la synergie opérationnelle sur le terrain.
En somme, nous travaillons à consolider la nature républicaine de notre armée résolument centrée sur sa mission de défense du territoire national. 
Je profite une fois encore de cette tribune, pour magnifier le courage et la résistance de notre armée sans lesquels, nous ne serions pas dans cet hémicycle présentement pour mutualiser nos réflexions en vue d’un meilleur fonctionnement des structures de défense et de sécurité. Le courage légendaire de nos troupes évoqué par un honorable député doit être partagé par toute la nation dans une posture de résistance ferme face à une psychose qui tend à être généralisée et qui fait le lit du terrorisme. 
L’armée est une organisation ancienne qui a traversé tous les âges. Elle a même devancé l’administration civile qui s’est bâtie sur son modèle pyramidale. Comme toute organisation, elle se réinvente sur la base de son expérience pour mieux s’adapter au terrain. Nous devons savoir raison garder, même dans les moments de vives émotions ou consternations et veiller à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Ce serait l’erreur à ne pas commettre. 
Les questions militaires doivent rester des questions militaires, et les difficultés que traverse cette institution doivent être appréhendées avec le souci de préserver sa cohésion et son efficacité. Notre confiance aux FDS doit être pleine et entière.
 
Honorables Députés,

Nous ne devons pas perdre de vue que l’un des objectifs premiers de ceux qui nous agressent est d’avoir un territoire hors de contrôle pour exercer librement leurs trafics de tout genre. 
Les différentes politiques mises en œuvre visent à restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national avec le concours des partenaires et pays amis.
Autant nous nous félicitons des victoires engrangées sur le front, autant nous devons nous faire solidaires des revers subis par notre armée.
Je me réjouis de la coopération avec les pays du G5 Sahel et des pays limitrophes, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. 
Je remercie les différents pays avec lesquels nous entretenons une coopération militaire et salue l’excellence de cette coopération. Le terrorisme étant un phénomène mondial et face à sa complexité, le gouvernement prospecte de nouvelles alliances stratégiques pour mieux faire face aux assauts des forces du mal.
« La balle du militaire tue les terroristes mais ne tue pas le terrorisme » parce que le terrorisme est un phénomène de société. 
Le Gouvernement lance donc un appel aux leaders coutumiers et religieux, aux leaders d’opinion, à l’ensemble des personnes de ressources, à s’impliquer activement dans la lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation, afin de rompre la chaine de recrutement de nos jeunes par les GAT. 
Par ailleurs, le gouvernement reste convaincu qu’il faut continuer d’investir dans les actions de développement au profit des populations car, rarement celui qui a à boire et à manger à satiété ne va courir le risque d’une mort certaine, en se faisant enrôler par un GAT.
A ce titre, tout en poursuivant les investissements au profit des FDS, le gouvernement continue de mettre en œuvre les politiques de développement économique et social dans les zones à forts défis sécuritaires, à travers le Programme d’Urgence pour le Sahel élargi et le Programme d’Appui au Développement des Economies Locales. 
 
3.  Les préoccupations d’ordre financier

Monsieur le Président 
Mesdames et messieurs les Députés

Les questions relatives aux finances concernent notamment les dotations budgétaires des ministères en charge de la sécurité et de la défense nationale, les primes des soldats déployés sur le terrain, mais également à la prise en charge des blessés et des ayants droits de ceux malheureusement décédés.
En ce qui concerne les dotations budgétaires, celles des ministères en charge de la défense nationale et de la sécurité ont connu une évolution progressive. 
A partir de 2016, après les premières attaques terroristes de grande ampleur, au lendemain de la formation du gouvernement qui faisait suite aux premières élections présidentielles et législatives ouvertes dans l’histoire politique du Burkina Faso, ces ministères ont vu se concentrer les priorités du gouvernement qui, dans une approche militaire, a opté de leur donner suffisamment de moyens pour endiguer ces fléaux. 
Ainsi, les dotations budgétaires de ces deux ministères se sont accrues substantiellement et de façon soutenue de 2016 à nos jours. Dans ce sens, face au dénuement de notre armée, le gouvernement a soumis la loi de programmation militaire à votre auguste Assemblée qui a bien voulu l’adopter, le 14 décembre 2017. 
Malgré les difficultés multiples liées au nouveau contexte sécuritaire, et plus tard en 2020, à l’apparition du COVID-19, les efforts à l’endroit de ces ministères ont été maintenus et renforcés. 
Outre les dotations budgétaires, des appuis exceptionnels leur sont toujours accordés chaque fois que de besoin, même si cela peut paraitre toujours insuffisant au regard de l’ampleur des défis à relever.
Ces départements sont également accompagnés dans l’exécution de leur budget, à travers des assouplissements de procédures pour plus d’efficacité. 
 
Ainsi, contrairement aux autres ministères, le Ministère de la Défense Nationale et des Anciens Combattants exécute tout son budget par voie de déblocage et déroule les procédures en son sein, à travers le Circuit Intégré de la Dépense Militaire (CIDM). 
Le Ministère de la sécurité bénéficie de compte, « équipement d’urgence » et « appui à la sécurité » destinés à financer les dépenses de sécurisation et de fonctionnement du ministère. Ces comptes ne se clôturent pas.
En termes chiffrés, le budget du Ministère de la Sécurité est passé de 62,76 milliards FCFA en 2015 à 72,89 milliards FCFA en 2016, puis à 130 milliards FCFA en 2021, soit une variation de 78,38% en entre 2016 et 2021.
Celui du Ministère de la Défense Nationale et des Anciens Combattants est passé de 94,27 milliards FCFA en 2016 à 288,94 milliards FCFA en 2021, soit une variation en valeur absolue de 194,67 milliards FCFA (soit une variation de 306,5%).
 
Le renseignement étant un atout majeur pour la sécurité nationale, il y a eu des efforts d’accompagnement de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR). Les allocations budgétaires sont passées de 1,07 milliard FCFA en 2017 à 8,68 milliards FCFA en 2021, soit une variation de 510,58%.

Au total, les efforts de l’Etat en matière de Défense et de Sécurité du territoire sont passés de 157,97 milliards FCFA en 2016 à 428,32 milliards de FCFA en 2021, soit un accroissement en valeur absolue de 269,53 milliards FCFA ou une variation de 271,14% entre les deux périodes.
S’agissant des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), l’inscription budgétaire est de 2, 765 milliards par an sur la période 2020-2022. 
En ce qui concerne la mise en œuvre de la loi de programmation militaire, il faut noter que la programmation sur la période 2018-2021 s’élevait à 605,56 milliards FCFA contre une dotation globale de 357,13 milliards FCFA, soit un taux de couverture de 59%. Il faut noter la constance des efforts du gouvernement dans le financement de cette loi à travers l’augmentation significative des tranches d’année en année. Ainsi, en 2021, la tranche de la loi de programmation militaire a été couverte à 100%, en y intégrant les avances de trésorerie.
En somme, sur le plan budgétaire, les efforts sont soutenus ces dernières années et le gouvernement entend les renforcer davantage, conformément aux orientations du Président du Faso. Et pour cela, le gouvernement sait compter sur la représentation nationale qui a la charge d’adopter le budget. A cela, s’ajoutent les appuis techniques et financiers des partenaires et des pays amis qui soutiennent le secteur de la sécurité en matériels, équipements et logistiques, en renforcement de capacités et en réalisation d’infrastructures. Permettez-moi de leur traduire toute la reconnaissance et les remerciements du Gouvernement et du Peuple burkinabè.
 
Honorables Députés,

Pour ce qui concerne la prise en charge des blessés et des ayants droits des victimes, il existe des dispositions qui ont certainement besoin d’être renforcées, surtout dans leur mise en œuvre.
Quant à l’indemnisation des ayants droits des éléments des Forces de Défense et de Sécurité tombés au front, elle comprend notamment :
-     l’indemnité globale forfaitaire servie en une seule fois dont le montant par agent décédé est de 10 000 000 FCFA. Elle est servie au profit des conjoints survivants, des enfants mineurs et des ascendants directs, à la demande des ayants droits ou du supérieur hiérarchique de l’agent décédé. Elle est régulièrement prise en charge par l’Agent Judiciaire de l’Etat en ce qui concerne le personnel des forces paramilitaires et le personnel civil de l’Administration publique. La prise en charge du personnel des forces armées nationales est assurée par le ministère en charge de la défense nationale ;
-     le traitement du mois de décès de l’agent décédé est effectué lors du traitement de la solde mensuelle des agents publics ; 
-     le capital décès qui représente une année de salaire brut est pris en charge à la demande des ayants droits par les services compétents de la CARFO ;
-     la pension de conjoint survivant pour les agents ayant eu au moins 15 ans de service. Elle est assurée à la demande des ayants droits par les services compétents de la CARFO ;
-     la délégation de solde au profit des ayants droits des personnels des Forces Armées Nationales est traitée exclusivement au profit des conjoints survivants et des enfants mineurs. Elle est servie au taux plein pendant deux (02) ans et au taux de 50% pendant trois (03) ans. Elle est repartie à hauteur de 1/3 et 2/3 respectivement pour les conjoints et les enfants mineurs. Elle est traitée à la demande des ayants droits ;
-     le remboursement des retenues pour pension effectuées pour les agents n’ayant pas 15 ans de service est assuré régulièrement à la demande des ayants droits ; 
-     la rente de survivants est traitée dans les conditions fixées par le régime de prévention et de réparation des risques professionnels.
 
Relativement aux difficultés éventuelles qui constituent des goulots d’étranglement dans le fonctionnement du dispositif de prise en charge des éléments constitutifs de l’indemnisation, il faut surtout noter :
-     les difficultés d’ordre procédural observées au niveau des familles pour la collecte ou la constitution des pièces justificatives ;
-     les longs délais observés dans les requêtes pour l’arrêt du salaire des agents décédés, occasionnant non seulement plusieurs mois de paiement de solde après le mois de décès, mais aussi des retards dans l’établissement des certificats de cessation paiement, indispensable pour la constitution des dossiers de paiement du capital décès, du paiement de la pension de conjoint survivant et du remboursement des retenues effectuées au titre de la pension. 
Ce sont justement ces longs délais qui justifient le rejet des dossiers de capitaux décès par la CARFO et les multiples recours gracieux adressés au Ministre de l’Economie, des Finances et du Développement (MINEFID) en vue de lever la prescription acquise après l’échéance des quatre (04) ans prévus aux termes de la loi n°073-2015/CNT du 06 novembre 2015 portant loi relative aux lois de finances.
Pour la prise en charge des blessés, la CARFO a signé des conventions avec des structures publiques et privées de santé, ainsi qu’avec des pharmacies, pour permettre un traitement médical diligent des victimes.
Dans la même veine, la CARFO a également pris des dispositions pour une évacuation hors du pays des cas nécessitant un plateau technique plus adéquats.

Mesdames et messieurs les députés, comme vous pouvez le constater, le Gouvernement mesure la douleur qui peut affliger les combattants blessés, les familles endeuillées et les ayants droits éprouvés par la perte d’un être cher. C’est pour cela qu’il a mis en place un corpus de textes dont l’application pourrait atténuer les souffrances des populations concernées. 
Les dispositions règlementaires sont établies, les fonds sont disponibles, mais parfois les lenteurs administratives injustifiables et certaines pesanteurs socioculturelles entravent la mise en œuvre diligente des décisions. 
Le Gouvernement va s’attaquer à ces dysfonctionnements pour ne pas aggraver la souffrance de blessés et des ayants droits.
 
Monsieur le Président,
Honorables Députés,

Depuis 2016, dans la quête de l’efficacité, le Président du Faso a opéré des changements à divers niveaux de la gouvernance, prenant en compte les demandes populaires. A la suite du psychodrame de Solhan, S.E.M. Roch Marc Christian KABORE a annoncé des changements stratégiques pour mieux contrer le terrorisme.
Il a alors opéré des réajustements non seulement au niveau du gouvernement, mais aussi au niveau du commandement militaire. 
Son adresse à la Nation du 25 novembre 2021, confirme cette volonté de dynamiser davantage les institutions républicaines. 
C’est pourquoi, nous devons nous mobiliser comme un seul homme, autour du Président du Faso. 
Cette mobilisation, nous devons la réussir aussi autour des Forces de Défense et de Sécurité et de leurs supplétifs que sont les Volontaires pour la Défense de la Patrie. Ensemble, ils font un excellent travail sur le terrain, engrangeant ainsi de nombreuses victoires que nous ne saurions noyer dans les récents revers sur le terrain. Le Gouvernement tient à les féliciter et à les encourager dans le combat qu’ils mènent avec courage et détermination. 
Cette mobilisation, nous devons enfin la réussir par une organisation populaire, efficace et efficiente dans chacune de nos villes et campagnes, à travers une implication personnelle et active, en appui aux Forces de Défense et de Sécurité.
 
Je voudrais donc inviter chaque député à porter ce message aux populations à la base pour la défense du territoire burkinabè. J’appelle chaque compatriote à entendre ce message, à ne pas se tromper de combat et à se lever, afin que dans un sursaut patriotique, nous barrions la route aux fossoyeurs de notre peuple. 
 
 
Monsieur le Président,
Honorables Députés, 

J’espère, au nom du Gouvernement interpelé, avoir répondu, dans un effort de synthèse, à l’ensemble des préoccupations soulevées. En tout état de cause, nous nous prêtons volontiers aux débats et contributions diverses.

Je vous remercie.